Nous voulons revenir à la nature

Les deux dernières années ont été riches en événements et particulières. Dans les prochaines lignes, nous allons essayer de retracer un peu cette période et de nous remémorer quelques souvenirs. Nous ne commençons pas ce voyage dans le temps par les plantes, ni par le sol, mais par nous - par la famille Hohl, qui exploite le domaine viticole bio Rebhalde depuis quatre générations. Car la pierre angulaire de toute reconversion est l'homme, tout l'environnement, tout simplement tous ceux qui nous soutiennent année après année. Et notre conviction est claire et tout à fait pertinente à l'échelle mondiale : Nous voulons retrouver la nature. Nous voulons à nouveau voir la nature avec nos deux yeux, la sentir et la ressentir. En bref : nous voulons à nouveau renforcer nos sens pour la nature.

Il est évident que la vigne a une très grande importance pour un domaine viticole. Nous avons donc essayé de nous mettre à la place de la nature, de la vigne. De quoi la nature a-t-elle besoin ? De quoi n'a-t-elle pas besoin ? Comment réagit-elle aux situations de stress ? Comment pouvons-nous soulager la nature ? Comment pouvons-nous agir de la manière la plus écologique possible, en préservant les ressources, tout en restant efficaces ? Et c'est là que commence, selon nous, la viticulture biologique : elle est écologique, prévoyante, flexible, préventive et efficace.

Un domaine viticole bio utilise-t-il vraiment des produits de pulvérisation ? C'est une question qui nous est régulièrement posée. La réponse est : oui, mais... Et c'est précisément pour cette raison que nous souhaitons aborder ce sujet avec la transparence qui s'impose et expliquer ce que contiennent nos produits phytosanitaires. L'ordonnance suisse sur le vin bio contient des directives claires que nous respectons strictement depuis le début de la conversion en 2020. Par définition, nous nous sommes engagés à renoncer à tout herbicide ainsi qu'à la plupart des insecticides. Le domaine viticole bio Rebhalde va toutefois plus loin : nous renonçons non seulement aux herbicides, mais aussi à tous les insecticides.

Les herbicides sont des produits, dont le glyphosate fait partie. Il s'agit de produits utilisés pour arroser le sol sous les vignes afin d'éliminer la végétation concurrente. Toutefois, ce processus n'affecte pas seulement les plantes, mais aussi toutes sortes d'insectes. Les insecticides, quant à eux, luttent contre les parasites tout en ayant un impact négatif sur les insectes utiles.

Ce qui reste, ce sont les fongicides, qui sont efficaces contre les champignons. Les produits de cette catégorie luttent contre le mildiou et l'oïdium, les deux plus grands défis de la viticulture.

Les fongicides sont des substances actives chimiques ou biologiques. Sur une base biologique, il s'agit de produits qui ne pénètrent pas dans la plante, mais qui agissent à la surface des feuilles. Ils peuvent ainsi être éliminés plus rapidement par la pluie. Le cuivre et le soufre font partie de ces fongicides. Le sujet du cuivre est toutefois controversé, car il s'agit d'un métal lourd. Les produits alternatifs sont malheureusement limités à l'heure actuelle. De plus, contrairement au cuivre, ils sont très vite lavés par la pluie. Le soufre, en revanche, peut être remplacé. Notre substitut au soufre s'appelle le bicarbonate de soude. Grâce à cet ingrédient, nous pouvons réduire la teneur en soufre de près de la moitié.

En viticulture biologique, il existe d'autres directives. En ce qui concerne l'utilisation du cuivre, les règles sont claires : il est permis d'utiliser quatre kilos de cuivre pur par hectare et par an. Concrètement, cela signifie que sur cinq ans, une quantité maximale de 20 kilos est autorisée. Notre objectif est toutefois d'utiliser chaque année le moins de cuivre possible, c'est-à-dire uniquement la quantité dont nos plantes ont réellement besoin à chaque fois. Outre le cuivre, le soufre et le bicarbonate de soude, d'autres produits sont utilisés chez nous. Les substances actives à base de plantes occupent une place très importante au domaine viticole bio Rebhalde. Outre les fortifiants pour plantes, la prêle et l'huile de pin font partie de ces produits. En outre, nous misons sur d'autres bouillons de protection de nature entièrement végétale. Depuis quelques années, nous récoltons dans nos vignes des plantes comme l'achillée, l'ortie, le millepertuis, la lavande et le pissenlit. Nous travaillons également avec du lierre, de la camomille, du saule et de la valériane. Nous faisons sécher ces plantes et les utilisons également comme base pour une sorte de bouillon phytosanitaire.

La viticulture biologique ne se limite pas à la protection des plantes. Pour protéger et favoriser la flore et la faune de manière générale, nous nous sommes creusé la tête il y a des années déjà et avons composé un mélange de graines que nous semons chaque automne après les vendanges. Le "mélange de vignes" est composé pour moitié de céréales et pour l'autre moitié de quinze fleurs et herbes différentes qui fleurissent au printemps et en été. Celles-ci servent de sources de nourriture et d'abris pour les insectes ainsi que pour d'autres animaux. L'effet est évident : une multitude d'abeilles, de papillons et d'autres insectes s'y pressent année après année, ce qui se répercute à son tour sur les récoltes. Outre cet ensemencement, nous avons également créé différents tas de bois qui servent d'abris aux hérissons, aux souris ou aux belettes. A cela s'ajoutent des tas de pierres qui servent de refuge ou de banc solaire pour les reptiles. D'autres projets similaires sont en cours de planification.

Existe-t-il également des prescriptions en matière d'élevage du vin ? Oui, il y en a. Cependant, nous allons beaucoup plus loin de notre côté. Depuis le millésime 2020, nous renonçons totalement à l'ajout de levures sélectionnées. Nous voulons ainsi rendre au vin son caractère naturel. Nous renonçons également à la chaptalisation pour augmenter artificiellement le taux d'alcool, à l'acidification et à la désacidification ainsi qu'au collage. Notre objectif est de repositionner le vin comme un produit naturel. Depuis 2021, tous les vins rouges et trois vins blancs du domaine viticole bio Rebhalde sont en outre non filtrés et mis en bouteille avec un minimum de soufre. Nous avons pris cette décision par conviction profonde. Toute intervention de filtration retire non seulement des substances troubles mais aussi des arômes du vin et rompt ainsi l'harmonie de la structure du vin - et c'est précisément cette harmonie que nous voulons préserver. 

Notre objectif premier est de préserver et de renforcer le cycle de la nature. Tout ce que nous prenons, nous le rendons à la nature. Ce n'est qu'en prenant soin des plantes, des animaux et des sols que les générations futures auront la chance de perpétuer notre tradition - en harmonie avec la nature.